Juillet chaud
         au Castellet
Spitfire au Castellet lors du meeting de 1995.

Plate-forme située tout contre le circuit auto-moto, Le Castellet dispose, à 25 km de Toulon, d'une belle piste de 1500 mètes en dur, dans un cadre magnifique, entre le massif de la Sainte Baume et la mer toute proche. Panorama garanti sur Bandol et la côte dès que vous avez décollé. Fin juillet, lorsque la visi était bonne, on voyait les Alpilles en prime. Trop beau.

Pas de TWR, auto-info sur 121.2. C'est aussi la fréquence de Perpignan. Alors, de temps en temps, quand les conditions MTO s'y prêtent, on a un message d'un avion de là-bas. On lui répond On a même eu droit à un F-xxUE, tout comme le F-GAUE du club, qui causait là-bas. On lui a répondu, mais il ne devait pas nous entendre, lui.


Le CAP 10 (F-GAUE) devant le club (à l'arrière plan un TB10 tchèque immatriculé OK-PEK).

Plusieurs clubs (AC du Soleil, Var Voltige, É), un atelier agréé, de la 100 LL, un atelier de restauration de warbirds, des avions plus récents exposés en statique ou en état de vol, un musée du modélisme, un restau. La mer à dix kilomètres.

Bref, tout pour satisfaire le pilote, résident, de passage, ou en vacances. Si vous craignez la chaleur, restez chez vous, à l'ombre. Car dès 10 heures du matin, il peut commencer à faire chaud en plein soleil. Alors, casquette et lunettes de soleil obligatoires. Sinon, gare. Car même comme ça à 3500 ft, une séance de 25 minutes peut vous faire fondre !

Je passe souvent mes vacances à Toulon, et je viens m'entraîner depuis plusieurs années à Var Voltige. Ca me change des montagnes. Comme son nom l'indique, c'est un club exclusivement orienté voltige. Il dispose d'un CAP10 et d'un CAP21. Il a environ 80 membres, dont certaines notoriétés comme Bertrand Arnoult (responsable à l'Association Française de la Voltige Aérienne). Un chef-pilote et un instructeur bénévole. Le chef pilote est Roland d'Alessio, ancien chasseur, ancien instructeur militaire et ancien formateur d'instructeurs militaires. Des tonnes d'histoires à vous raconter sur l'école de Marrakech, lorsque l'armée de l'air y avait une école de formation (des journées entières à faire voler sur T-6 des élèves par 45° à l'ombre..., l'entraînement des instructeurs en VSV, ou comment "mettre un avion en vrille pour retrouver la verticale et distinguer le haut du bas", lorsque l'absence de repères visuels et les G positifs et négatifs enchaînés vous ont complètement désorienté !).


Le CAP 21 de Var Voltige (F-GDTM) : au fond à droite, derrière la piste 13/31, les tribunes du circuit auto-moto.

A 73 ans, Roland est à coup sûr l'instructeur le plus patient et le plus pédago que j'ai jamais rencontré, sur une petite quinzaine dont quatre en voltige. Il passera des heures à vous décortiquer une figure, au sol, avant le vol, en vol, après le vol, sans jamais quitter sa bonne humeur. Une perle rare. Un peu comme Henri Giraud pour le vol en montagne, aux qualités pédagogiques différentes. Evidemment, je ne suis pas objectif : c'est Roland qui m'a donné le 1er cycle et préparé au 2e...

Roland vous apprendra à faire des tonneaux en virage ou à huit facettes à deux mains ("comme le revers au tennis...", on ne touche pas à la manette des gaz, excellent pour la précision), des tonneaux moteur réduit ("très formateur", dit-il : à 200 km/h, on réduit à 1500 tours, et on sort à 140 km/h), des tonneaux lents à quatre facettes (à 220 km/h, ça doit passer...). Des déclenchés verticaux (montants et ... descendants : très intéressant après un renversement ou une rotation verticale suivie d'un rétablissement vertical).

Et si vous êtes anxieux ou malade, il vous fera tout cela très progressivement, très doucement. Et vous amènera au premier cycle, quelque soit votre état initial. Garanti pur beurre. Témoignages "live" à la pelle.

Les trois mousquetaires du SEFA

Séance habituelle en double avec Roland, qui ne rate pas une seule de mes erreurs et pas un seul de mes écarts : "le cercle magique est trop grand", "tu as dix degrés de retard", "tu vas trop vite en roulis", "tu es trop brutal", "tu as hésité, alors ça n'est pas passé", "il faut marquer un temps d'arrêt, pour laisser à l'air le temps de reconstituer un écoulement normal autour de l'aile", dur, dur.

Un TB10 (F-xxNK ?) s'annonce au Nord des installations à 3500 ft QNH, c-à-d du côté de l'axe de voltige (décalé par rapport à la piste) où nous sommes en train d'évoluer, et au dessus du plancher voltige... Ca craint. Tandis que j'essaye de rester concentré sur ma figure, Roland écarquille les yeux dans tous les sens en me disant : "Il me fait souci celui-là". Et ce qui devait arriver, arrive. En sortie de figure, voilà t'y pas que notre TB10 nous passe tranquillement dessous à 150 ft, perpendiculaire à l'axe, en plein dans le volume...Ce qui a donné lieu à une discussion très animée avec les trois apprentis pilotes de ligne qui étaient à bord, lors de notre retour au sol. Car ces messieurs faisaient un "exercice" (alias, un encadrement) et ont fait leur descente vent AR du côté opposé au tour de piste. Carrément du côté de l'axe de voltige où nous étions en train d'évoluer. J'espère qu'ils ne feront pas ça avec un Airbus et des passagers à bord, genre Habsheim, Quiberon, et autres.

Mais ils n'ont jamais lu la carte VAC, ces gens-là ? Et ils s'y mettent à trois pour l'examiner scrupuleusement devant nous... Pour un peu, c'était nous qui n'étions pas là où se trouve l'axe de voltige, que Roland pratique depuis plus de vingt ans. Et puis, ils nous avaient vu, alors...


Le Corsair F4U de Mark Hanna (août 1995)

Le quatrième mousquetaire

Même chose avec un DR400 venu d'ailleurs : intégration du mauvais côté, alors que j'étais en évolution voltige et que deux autres avions étaient dans le circuit.

A la fin de ma séance, ma radio en panne, je me retrouve verticale, face à lui. J'intègre normalement, et je le revois se pointer face à moi en étape de base ! Je le laisse passer. Comprenant son erreur mais déjà aligné dans l'axe, il fait demi-tour en finale pour rejoindre la vent AR du bon côté. Aïe,aïe, aïe !

Mais ils n'ont jamais lu une carte VAC, ces gens-là ?

Lors du meeting de 1995 : le Corsair de Mark Hanna

Même topo, mais c'était lors du très beau meeting de 1995. La veille, les avions arrivent en masse : bel alignement de P51, Spitfire, T-6, Corsair, A26, etc. Le Corsair de Mark Hanna se pointe en vent AR du mauvais côté. Il fait toute sa phraséologie en anglais of course, et se pose tranquillement dans un ronronnement impressionnant. Il est accueilli par son père, Ray Hanna qui l'a précédé dans son P51 Mustang, et par un instructeur local qui lui baragouinne méchamment dans un anglais très approximatif qu'il était du mauvais côté et aurait dû parler en français (langue qu'il ne connait pas...). Welcome to Le Castellet !

Le meeting était superbe.


Le P51 Mustang de Ray Hanna (au fond, le massif de la Sainte Baume).

Les warbirds

Dans le hangar, il y a un magnifique Corsair dont le moteur a été remonté cette année. Le fuselage est entièrement décapé et poli à neuf. Il n'attend plus que la peinture et les essais moteur. Il y a aussi un T-6 qui doit revoler en septembre. Un YAK 11. Un Yak 52 (?). Un Bücker Jungmeister espagnol : tous les instruments sont écrits dans la langue de Cervantès. Un Etendard IV exposé en statique sur le tarmac, un Broussard, ainsi que deux Fouga (dont un en état de vol).

Roland doit amener le T-6 à Ajaccio pour un meeting. Il m'a promis un vol !

 Toan
 11 août 1998
© Photos Nguyen G.T. 1995-1998